6 au
On a dit que la lutte
allumée le 6
septembre au matin, de Paris à Verdun, ne fut pas une bataille unique,
mais une
série de batailles que chacune des armées mena pour son compte
particulier,
avec ses propres moyens ou grâce à l'appui des armées voisines, suivant
les conceptions
de chaque chef, l'inspiration et la valeur de chaque combattant.
Rien n'est plus
inexact. La bataille de
Le coup de
boutoir de Guise
paraît
avoir désorienté le Haut
Commandement allemand.
L'extrême
droite, l'armée von Klück
qui, jusqu'au 30 août, marchait à grandes journées vers le sud-est, vers
Paris,
et était arrivée sur la ligne Amiens-Moreuil-Hangest
en Santerre-Roye, fait un crochet, le 31, et
se
dirige sur Compiègne et Meaux.
L'affaire
de Guise
a prouvé
qu'il ne saurait
encore être question d'enlever Paris, mais qu'il faut, à tout prix,
mettre hors
de cause cette 5e armée française qui a eu assez de vigueur pour faire
reculer
Joffre ne sait
rien de ce changement de plan.
Cependant, dès
le 1e septembre, dans son Instruction générale, il
dessine le
cadre de la situation stratégique dans laquelle il compte, bon gré
malgré, et
quoi qu'il arrive, enfermer l'adversaire.
Avant tout, un
cruel sacrifice s'impose : l'abandon délibéré à l'invasion d'une large
zone du
territoire national. Il faut, en effet, soustraire l'aile gauche de la
5e armée
à l'enveloppement dont Klück la menace et
reconquérir
sa liberté de manœuvre en gagnant du champ.
On reculera donc
on pivotera à droite sur le point fixe de Verdun et, par une vaste
conversion,
nos armées seront amenées, s'il le faut, jusque sur la ligne Pont sur Yonne-Nogent sur Seine-Arcis
sur Aube-Bar le Duc, ligne sur laquelle les
envois des dépôts
et des arsenaux permettront la préparation d'une offensive décisive.
Qui ne voit le
piège ?
Tout pas en
avant va mettre l'ennemi dans une situation stratégique défavorable.
S'il veut
attaquer les grands camps retranchés de Paris et de Verdun qui appuient
les
ailes de la ligne française, il affaiblit son centre et l'expose à une
attaque
de rupture. S'il néglige ces camps retranchés pour attaquer la ligne
française,
il expose ses flancs à une double manœuvre enveloppante préparée à
l'abri des forteresses
Trois
dispositions rendent possible l'exécution de ce plan
1*
Verdun reçoit une garnison qui lui permettra de soutenir un
siège;
2*
Une 9e armée est créée, formée d'éléments puisés dans la 4e armée (9e et
11e
Corps, 52e et 60e divisions réserve, 9e division de cavalerie) et dans
la 3e
armée (42e division)
Le général Foch la commandera et
viendra
l'intercaler entre les 4e et 5e armées, pour fortifier notre centre
3* Joffre demande et obtient que le camp
retranché de Paris soit placé sous son commandement afin que l'unité de
direction soit assurée sur ce point décisif.
Paris n'est pas
encore en état de se défendre, mais on y travaille avec ardeur. Des
milliers de
travailleurs s'emploient à creuser des tranchées, à construire des
épaulements,
à créneler des murs. La garnison, nombreuse, est à pied d’œuvre ou va y
être.
Ce sont les 83e, 85e, 86e, 89e, 92e
divisions territoriales, la 185e
brigade territoriale,
la brigade de cavalerie Gillet, les fusiliers marins venus des ports,
la 45e
division arrivée d'Algérie.
La 6e armée du
général Maunoury y est appelée d'Amiens et doit être renforcée. Cette
armée
comprend pour le moment le 7e Corps et le groupe de Lamaze
(une division active et trois divisions de réserve) et le Corps de
cavalerie
Sordet. Le groupe Ébener (61e, 62e
divisions, de
réserve) se reconstitue près de Pontoise.
Mais, il y a
homme à Paris un homme, une énergie, une flamme : c'est Gallieni
Donc, nos armées reculent et,
après un moment
d'étonnement, les Allemands entament la folle poursuite.
Tout de même, le
Corps de cavalerie de Von Richthoffen, qui a
reçu
l'ordre de se porter sur les derrières de la 5e armée, hésite à
s'engager au milieu de nos colonnes.
Il marche mollement
et la 5e armée, à la tête de laquelle le général Franchet
d'Espérey va succéder au général Lanrezac,
se dégage
et gagner du champ.
Le 3
septembre, la 5e armée
borde
Trop tard !
Maunoury couvre
déjà la capitale, de Mesnil-Aubry à
Dammartin en Goële ; l'armée anglaise borde
Foch a réussi, lui
aussi, à grouper les éléments de son armée derrière
Encore ce jour-là, le
Corps colonial
devait-il faire tête à Auve et à Saint-Rémy-sur-Bussy
pour repousser les avant-gardes allemandes trop hardies. La fatigue des
troupes
est extrême.
Quant à Sarrail,
dont l'armée a été affaiblie, d'abord de la 42e division donnée à Foch,
puis du
4e Corps, qui va rejoindre Maunoury, il n'a plus que deux Corps d'armée
(le 5e
et le 6e) et un groupe de divisions de réserve pour enrayer les progrès
de
Demande d’envoi de cette
carte en très grande résolution
Celui-ci pousse
nos colonnes avec quatre Corps d'élite, tandis qu'avec le Ve Corps il
tourne
par l'est l'obstacle de Verdun.
Malgré la
faiblesse numérique de son armée, Sarrail à qui une note du 2 septembre a
donné
l'autorisation de se replier jusqu'à Joinville, au sud de Verdun, estime
devoir
faire tous ses efforts pour assurer jusqu'au bout à notre grande
forteresse
l'appui de son armée.
Dans ce but, il
va laisser sa droite fixée au Camp retranché; mais comme, d'autre part,
il a
l'ordre formel de rester étroitement lié à gauche avec la 4e armée qui
recule
vers le sud, il va être obligé, pour concilier ces deux idées, de
reculer en
pivotant autour de sa droite et en étendant indéfiniment son front vers
le sud,
au gré du recul de la 4e armée.
Déjà, le 3,
tandis que sa droite est à
Opération
effroyablement difficile ; l'immense ligne de nos armées, ligne de
plusieurs
centaines de kilomètres, recule donc, marchant et se battant jour et
nuit, sans
sommeil, souvent sans ravitaillement.
De son Grand
Quartier Général, qu'il a transporté de Vitry-le-François à Bar sur
Aube,
Joffre, le Généralissime responsable, dirige la manœuvre avec une force
d'âme,
une maîtrise, un calme imperturbables.
C'est à ces
qualités vraiment extraordinaires qui ne se sont peut-être jamais
rencontrées à
un pareil degré chez un homme de guerre, que l'on doit certainement le
soin, la
clarté, la précision, le fini avec lesquels les instructions furent
données à
tout le monde en temps voulu ; c'est par elles que toute imprudence fut
évitée,
que la bataille d'arrêt n'éclata que le jour où Joffre estima qu'il
avait
quatre-vingt-dix chances sur cent de la gagner; par elles, enfin, que la
coordination la plus parfaite fut assurée entre les armées.
Dans la
matinée du 3 septembre, la
situation, encore si peu claire, va se modifier d'une manière si
profonde dans
le courant de cette journée que la décision jaillira.
Paris est dans la fièvre. Le
Gouvernement a quitté la capitale, la veille au soir, se rendant à
Bordeaux, et
Gallieni y est demeuré seul, avec l'ordre de la défendre.
Du lycée Victor-Duruy, où il a
installé son Quartier Général, le
Gouverneur lance son ordre du jour laconique.
C'est court,
mais tout y est. Paris a frémi. Une âme forte a parlé. Des actes vont
suivre.
On les attend.
Nos avions, dont
le vrombissement remplit l'air, surveillent attentivement la marche de
l'ennemi
dont les avant-gardes étaient en vue du fort de Domont dans la matinée.
Les
portes de la capitale se hérissent de barricades contre les autos
blindées, de
réseaux de fil de fer, de mitrailleuses.
C'est le branle
bas de combat.
Cependant,
l'attaque attendue de minute en minute ne se produit pas, et le 3 au
soir le
doute n'est plus permis. Creil et Senlis sont en feu, mais il n'y a
plus, dès
Tout de suite,
Gallieni, qui n'a encore reçu aucune instruction de Joffre, a
l'intuition de la
manœuvre à réaliser. Sans perdre une minute, il informe le généralissime
de ce
qu'ont vu ses aviateurs et lui demande l'autorisation de lancer l'armée
Maunoury dans le flanc de cette armée allemande qui défile si
imprudemment
devant lui.
Le 4 au soir, tout
est prêt; et bien que French hésite, ne croyant pas l'armée anglaise
encore en
état d'affronter la bataille, Joffre décide de saisir l'occasion que lui
offre
Gallieni. Il va arrêter la retraite et lancer toutes les armées à
l'attaque, le
6 au matin.
L'ordre
d'offensive générale est expédié le 5 septembre, à
Cet ordre
prévoit une attaque enveloppante de la 6e armée, partant de l' Ourcq, en
direction de Château-Thierry.
L'armée anglaise
et la 5e armée appuieront cette attaque; l'armée Foch couvrira: la
droite de la
5e armée.
Dans la journée,
des instructions aux armées de droite compléteront ces dispositions : la
4e
armée doit faire tête à l'ennemi en se liant étroitement à la 3e armée
qui
attaquera le flanc gauche des armées allemandes, face à l'ouest.
Aux troupes,
on lit cet ordre du jour
« Au moment où s'engage une
bataille d'où dépend le salut du Pays, il importe de rappeler à tous que
le
moment n'est plus de regarder en arrière. Une
troupe
qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain
conquis, et
se faire tuer sur place, plutôt que de reculer. Dans les circonstances
actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée. »
JOFFRE.
Dès
l'après-midi du
A droite, la 55e
division, au centre la 56e, à gauche le 7e Corps se jettent en avant.
Nos soldats sont
héroïques. Un moment, à Villeroy, sous les gros obus qui font rage, une
section du 276e hésite:
«Nous n'avons rien pour nous
protéger,
disent les hommes, nous n'avons pas nos sacs! » Le lieutenant s'est
levé, tout droit
dans la rafale : « Ni moi non plus, je n'en ai pas ! Regardez moi
donc !
»
Et au même
instant, comme sa figure rayonnait, un obus l'abat.
C'était Charles
Péguy, le délicieux poète, le fin polémiste des Cahiers de
Le soir, les
nôtres ont atteint le pied des positions allemandes. L'assaut est prêt
pour le
lendemain matin.
De notre côté, le
plan est simple : l'aile gauche (6e armée, armée anglaise, Corps de
cavalerie,
5e armée) et l'aile droite (3e armée) ont mission d'envelopper les deux
ailes
de l'ennemi ; le centre (9e et 4e armées) doit résister à outrance à
tous les
assauts.
Chez l'ennemi,
la conception est encore plus simple : Moltke, le chef du grand
Etat-major, qui
n'a pas prévu de manœuvre enveloppante française, ne songe qu'à «
bourrer »
droit et enfoncer tout ce que l'on rencontrera.
1.1 L'AILE GAUCHE
6 septembre
La 6e
armée.
Le 6 au matin,
Maunoury a porté la 6e armée en avant. De Plessis-l'Evêque
à Villeroy, le groupe de Lamaze (55e et 56e
divisions), la brigade marocaine et la 45e division refoulent des
hauteurs de
Penchard et de Monthyon le IV' Corps de réserve. En même temps, parti du
front Oissery-Saint Soupplets, le 7 Corps
prononce
l'enveloppement par le nord, et la 14e division de ce Corps d'armée
(général de
Villaret) arrive jusqu'à Bouillancy.
Mais le IVe
Corps de réserve, en se repliant, a appelé des renforts. Kluck,suivant Joffre, a tout de suite l'intuition de la
lourde
faute qu'il vient de commettre en présentant son flanc droit au Camp
Retranché
de Paris. Sa décision est immédiate. Ses Corps de gauche, les IIIe et
IXe,
continueront à attaquer face au sud de concert avec l'armée Bülow, mais
son IVe
Corps va stoppera Rebais et son 11e Corps va revenir en arrière à
marches
forcées, au secours du IVe Corps de réserve. Le Corps de cavalerie
comblera
devant l'armée anglaise le vide causé par le départ de ce Corps d'armée.
Devant
l'intervention de ces troupes fraîches, tandis que l'artillerie lourde
allemande balaye le terrain, de Villaret ne
peut
dépasser Bouillancy et de Lamaze, après
avoir enlevé
Marcilly et
Barcy, ne peut se maintenir à Chambry.
L’Armée
anglaise.
French ne s'est
pas aperçu de la disparition du I Ie Corps allemand. Il avance, mais
prudemment, poussant devant lui les uhlans. Le soir, il est sur la ligne
Crécy-Coulommiers-Choisy.
La 5e
armée.
Quant à Franchet d'Esperey, il a lancé
ses Corps d'armée à l'attaque, dès
De Maud'huy, à
la tête du 18 Corps, traverse en trombe Villiers-Saint-Georges,
Montceaux, et
refoule le IlIe Corps allemand de Sancy.
Hache, à la
tête du 3e Corps, dont les divisions sont conduites par Mangin et par
Pétain,
enlève Escardes et Courgivaux au Ixe Corps allemand qui reflue jusqu'au Grand-Morin.
Deligny, à la tête du 1e Corps,
chasse l'ennemi de
Châtillon formidablement organisé, et parvient jusqu'aux abords
d'Esternay,
malgré l'extrême fatigue des troupes.
En même temps, Defforges, dont le
10e Corps combat en liaison étroite avec
la 42e division
de
l'armée Foch, soutient une lutte acharnée et disproportionnée contre le
Xe
Corps de réserve et le VIle Corps de l'armée
de
Bülow, disposés en profondeur jusqu'à Montmirail. Villeneuve lés
Charleville,
perdu le matin à
En
somme, la journée du 6 est bonne à l'aile gauche.
La 6e armée.
Le 7 septembre, devant Meaux, l'armée
Maunoury reprend la lutte, dés l'aube, de Chambry
à
Betz, par Puisieux et Acy-en-Multien, contre le IIe et le IVe Corps,
appuyés par
une formidable artillerie lourde. La 45e division arrache Chambry
aux Allemands; la 56e Marcilly (régiment
de zouaves 2e bis) et Barcy; mais,
malgré des prodiges d'héroïsme, le
350e ne peut enlever Etrepilly.
En revanche, une charge des 22e
et 23e compagnies du 298e nous donne la ferme de Nogeon
et, au cours de ce combat, le soldat Guilmard
s'empare du drapeau du 1e bataillon du 36e
régiment de fusiliers de Magdebourg, décoré de
En même temps, la
61e division, qui a pris pied sur le plateau d'Étavigny,
accentue l'enveloppement de la droite allemande. La lutte est dure de ce
côté.
Cependant, malgré un commencement de panique, Puisieux (292e régiment
d’infanterie) reste aux mains du
7e Corps décimé et épuisé, grâce à l'intervention du colonel Nivelle,
commandant le 5e
régiment d'artillerie, qui amène
au galop sous le feu, cinq batteries de 75, et foudroie l'ennemi à bout
portant.
Lire le passage du JMO du 292e
RI concernant les combats de Puisieux
Ce jour là, le
4e Corps, du général Boëlle, termine ses
débarquements à Noisy-le-Sec. Joffre l'envoie à Gallieni, et Gallieni le
donne
à Maunoury pour consommer l'enveloppement de Von Kluck. Malheureusement,
l'une
de ses divisions, la 8e (général de Lartigue), doit être dirigée vers
Meaux, au
sud de
Cette division
est expédiée au plus vite vers le nord, au moyen de taxis que,
sur l'ordre de Gallieni, la police a réquisitionnés dans
les
rues de la capitale et qui feront deux fois le voyage de
Nanteuil-le-Haudouin,
transportant chacun cinq soldats.
Les
régiments, transportés par ce moyen de locomotion tout parisien, étaient
précisément les régiments de Paris : les 103e et 104e.
Les
101e, 102e furent transportés par voie ferrée
Mais
Kluck, qui surveille avec attention les progrès de la gauche française, a
rappelé vers le nord tout le IVe Corps, laissant aux cavaliers de Richthoffen le soin de ralentir seuls les progrès
de
l'armée anglaise, et le IVe Corps accourt à marches forcées.
L’Armée
anglaise.
French
n'avance cependant qu'avec lenteur. Le soir, sa cavalerie et son 1e
Corps sont
à Choisy, et son 3e Corps atteint la ligne Maisoncelles-Giremoutiers,
tandis que le 2e s'attarde encore à Coulommiers.
La 5e
armée.
Sentant
Franchet d'Espérey
plus
ardent, Kluck essaye de lui donner le change et, pour dissimuler
l'affaiblissement de sa ligne, il a prescrit, dés l'aube, une violente
offensive aux IIIe et IXe Corps. Le IIIe parvient à arracher Montceaux. à de Maud'huy ; le IXe s'acharne contre Courgivaux
que Hache
réussit à conserver.
Mais
Franchet d'Espérey
ne se
laisse pas impressionner. Il met en ligne toutes ses réserves et pousse à
fond,
en direction de Montmirail. A
Elle
ne peut être poussée à fond, car, à droite, l'armée Foch réclame de
l'aide.
Aussi, au lieu de continuer à pousser le 1e Corps vers le nord, Franchet d'Espérey
dirige-t-il ce
Corps d'armée vers l'est où il soulage la division Grossetti
en enlevant le plateau de Sézanne au Xe Corps allemand.
Bien
que privé de l'appui de notre 10e Corps, Deligny
continue à progresser et, le soir, son avant-garde était devant
Montmirail d'où
venait de décamper l'état-major du général von
Bülow,
commandant
La 6e
armée.
Le
8 septembre est une journée extrêmement dure pour la 6e armée. Tant que
le IVe
Corps n'a pas encore pu mettre en ligne tous ses moyens, les nôtres,
grâce à des
prodiges d'héroïsme, remportent quelques beaux succès. C'est à la
baïonnette,
comme autrefois, que le 2e bis zouaves enlève Etrepilly où les Allemands, solidement établis,
tiennent
âprement.
Vincy,
Etavigny sont enlevés aussi, mais, quand les
réserves
du IVe Corps interviennent, la disproportion devient trop forte.
Devant
les efforts redoublés de l'ennemi, Maunoury dont les forces commencent à
s'épuiser, doit arrêter son offensive; un moment, il doit même songer à
préparer une position de repli sur la ligne Plessis-Belleville-Monthyon-Saint
Soupplets
armée anglaise.
Cependant,
éclairé par ses avions qui l'informent du départ de l'ennemi, French
s'est
porté délibérément en avant. Il atteint
Le
Corps de cavalerie Conneau a suivi le mouvement, lui aussi, et chassé de
Bellot
la division de cavalerie de
La 5e
armée.
Devant
la 5e armée, la lutte a repris, dès
Deligny est arrêté devant
Bergères, mais Defforges a porté à la 42e
division de l'armée Foch un
appui décisif en progressant vers Bannay et
en
poussant ses éclaireurs jusqu'au Thoult.
Le
soir, Franchet d'Espérey
transportait, de Romilly à Villiers-Saint-Georges, le Quartier Général
de la 5e
armée.
La
9e armée.
La
9e armée du général Foch et la 4e armée du général de Langle
de Cary ont toutes les deux la mission de résister à outrance aux
assauts de
l'ennemi et d'empêcher que le centre du dispositif ne soit rompu.
Donc, le 6 septembre, dès l'aube,
Foch attaque.
Grossetti, « un centaure »,
entraîne sa 42e division
contre Soizy et Villeneuve que défend tout le Xe Corps prussien. Devant
un
ennemi deux fois supérieur en nombre, les 94e, 151e
et 162e Régiments
d'Infanterie, les 8e, 16e et 19e Bataillons de chasseurs, appuyés par le 61e
Régiment d'artillerie de campagne, font merveille.
Les
villages sont pris et perdus plusieurs fois; la nuit seule arrête la
tuerie sur
ce plateau qu'illumine l'incendie.
Mais
à l'extrême droite de la 9e armée, le 11e
Corps,
pressé par deux Corps allemands (XIIe Corps actif et de réserve), plie,
et son
recul oblige la 17e division à se retirer devant
Foch
doit donc porter en avant toutes ses réserves pour étayer sa ligne, et
le soir,
bien qu'engagé dans un très dur combat contre des forces doubles des
siennes,
il n'a déjà plus aucune troupe disponible. Il n'a plus rien, mais il a
son
génie et son imperturbable optimisme.
Demande d’envoi de cette
carte en très grande résolution
Ses
instructions restent les mêmes offensives à gauche, en liaison avec la
5e
armée; défensive acharnée sur le reste du front. Mais sous les rafales
de
l'artillerie lourde, la 42e division, la 52e et la division marocaine ne
maintiennent qu'avec peine leurs positions contre les furieux assauts de
masses
sans cesse renouvelées. Foch tient bon.
Avec
son clair bon sens, il a compris que ces attaques désespérées cachaient
une
démonstration : «Puisqu'ils veulent nous enfoncer avec cette fureur,
disait-il
en mâchonnant un cigare, c'est que, positivement, leurs affaires
marchent mal
ailleurs... »
C'était
le moment où Klück rappelait le IVe Corps
vers le
nord, pour arrêter le mouvement enveloppant de Maunoury.
La
lutte continue avec la même violence. A gauche, décimée, la 42e
division, qui
va succomber à
Derrière
toute cette ligne qui ploie sous l'effort de forces doubles, plus de
réserves;
aucun obstacle où s'accrocher!... Foch ne s'émeut pas. Il sait qu'une
bataille
n'est perdue que quand on croit l'avoir perdue et il sait aussi que
celle-ci se
gagne en ce moment sur l'Ourcq. Il écrit donc au généralissime:
«
Pressé fortement sur ma droite ; mon centre cède ; impossible de me
mouvoir ;
situation excellente. J'attaque. »
Et il obtient encore un effort de
ses
divisions décimées et à bout de souffle ; l'ennemi, qui est épuisé, lui
aussi,
s'arrête...
La 4e armée
A
l'armée de Langle de Cary, le 6 au matin, la
reprise
de l'offensive est pénible.
Seul,
le 17e Corps, à gauche, n'est pas trop pressé par l'ennemi. Le général
J.-B.
Dumas et ses divisionnaires, les généraux Guillaumat et Alby,
le poussent vigoureusement en avant et refoulent le XIXe Corps saxon
jusque sur
la voie ferrée, entre Sompuis et Huiron.
Au
12e Corps, le général Roques est encore en pleine bataille quand il
reçoit
l'ordre de tenir ferme. Il a dû retirer du feu la 23e division épuisée,
et la
24e, désormais seule contre tout le XIXe Corps de réserve, perd
Frignicourt. Le soir, elle se
battait dans Courdemange
et dans Huiron.
Le
Corps colonial, réduit à la valeur d'une division par les terribles
mêlées de
Belgique, interdit au VIIIe Corps allemand la ligne Blaise-Norrois-Martignicourt
; mais le soir, la faiblesse de ses effectifs l'oblige à se resserrer
sur sa
gauche, en évacuant Vauclerc et Ecrienne.
Un
vide se creuse donc entre ce Corps d'armée et le 2e Corps du général
Gérard,
qui est à sa droite. Celui-ci dispute avec peine à trois Corps d'armée
(le
VIIIe et les XVIIIe actif et de réserve) les passages du canal de
Sous
une aussi formidable pression, toute la ligne finit par plier. Si, dans
une
circonstance aussi critique, l'ennemi parvient à s'infiltrer entre le 2e
Corps
et le Corps colonial, le 2e Corps est perdu. Donc, sans se préoccuper
outre
mesure des fluctuations pourtant très graves du front, le général
Gérard, à qui
sa froide et indomptable énergie permet de garder la vision claire de la
situation, envoie la brigade Lejaille, la
seule
réserve dont il dispose, occuper le secteur laissé libre par les
Coloniaux.
La
4e armée, violemment bombardée et attaquée sur tout son front, est dans
une
situation critique. A sa gauche, Hausen
masse des
forces considérables vers Sompuis,
manifestant
l'intention de percer à tout prix en direction du camp de Mailly.
A sa droite, la
4e division, affaiblie par le départ de la brigade Lejaille,
ne peut se maintenir à Sermaize, et le général Rabier doit la replier
sur le
bois de Maurupt, ouvrant ainsi une brèche
entre les
4e et 3e armées, en face de Saint-Dizier.
Déjà
les éclaireurs ennemis s'engagent dans la forêt des Trois-Fontaines.
A
peine dessiné, ce danger de double enveloppement est conjuré:
A
droite, par l'intervention du 15e Corps que Joffre vient de mettre d'une
manière très opportune à la disposition de la 3e armée.
Demande d’envoi de cette
carte en très grande résolution
A
gauche, par l'arrivée de nombreux renforts un détachement pris dans la
division
Alby et placé sous les ordres du colonel
Breton, commandant
le 83e régiment d'infanterie, puis, la 13e division du 21e Corps,
jusque-là réservée par le généralissime; enfin, la 23e division,
maintenue en
réserve à Saint-Ouen par le général Roques. Des combats acharnés se
déroulent à
Courdemange, au Mont-Moret, à Chatel-Raould,
à Ecrienne, à Favresse, à Domprémy,
qui passent de main en main et qui sont, le
soir, des
ruines fumantes. Ce sont des luttes sanglantes au cours desquelles le
général
Dupuis, commandant la 67e brigade, trouve une mort glorieuse, mais qui
finissent par briser les efforts désespérés de Hausen
et du duc de Wurtemberg.
Le
front demeure intact.
Ici
combat la 3e armée, à qui le généralissime a imposé l'obligation de ne
pas se
laisser couper de la 4e et que le général Sarrail, son chef, ne veut pas
éloigner de Verdun.
Au
matin, quand lui parvient l'ordre d'attaquer le flanc gauche de
l'ennemi, cette
armée est face à l'ouest et déjà pressée sur toute la ligne par un
ennemi très
supérieur en nombre.
A
gauche, le 5e Corps, qui lutte péniblement dans la région de Revigny contre le VIe Corps actif et le XVIIIe
Corps de
réserve, ne peut conserver, malgré ses violents retours offensifs, ni Nattancourt, ni Sommeilles, ni Villers-aux-Vents,
ni Brabant-le-Roi.
Le
général Roques, commandant la 10e division, est tué au cours de ces
combats
furieux.
Il
faut abandonner Revigny, mais l'ennemi est
arrêté le
soir sur la ligne Vassincourt-Villotte, et
la liaison
avec le 2e Corps de la 4e armée est encore maintenue.
Au
centre, le 6e Corps doit, lui aussi, abandonner Séraucourt
à la gauche du VIe Corps actif et du XIIIe.
A
droite, les 65e et 67e divisions du groupe du général P. Durand, après
un
premier succès à Ippécourt, sont refoulées par une vigoureuse offensive
du XVIe
Corps, l'un des meilleurs de l'armée allemande. Enfin, à l'extrême
droite, le
général Heymann qui menace le flanc de
l'ennemi avec
les troupes de la défense mobile de Verdun (72e division,
108e
brigade, 164e et 165e régiments d'infanterie) se montre vers
Julvécourt; mais il ne
dispose pas de moyens assez puissants pour tenter autre chose qu'une
démonstrative, car les Allemands ont tout un Corps d'armée (VIe Corps de
réserve) en réserve derrière cette aile.
La
lutte continue, très ardente. Les 67e et 75e divisions disputent
Ippécourt au XVIeCorps, mais doivent
replier, l'une son aile droite,
l'autre son aile gauche devant l'intervention du VIe Corps de réserve.
Quant
au 5e Corps, sous un violent bombardement et devant une attaque furieuse
de
deux Corps allemands, il perd une partie du plateau de Vassincourt, d'où
l'ennemi menace la route de Bar-le-Duc.
La
situation est grave. Les Allemands s'engageant dans cette brèche, c'est
Sarrail
séparé de Langle de Cary est rejeté dans
Verdun;
c'est la perte de la 3e armée, et, avec elle, la ruine définitive de nos
espérances.
L’arrivée
du 15e Corps que Joffre a enlevé à l'armée de Castelnau pour le donner à
l'armée Sarrail, nous permet de parer à cette terrible menace. L'ennemi
perd Mognéville, et la ferme de Maison
Blanche (55e,
61e, 173e régiments d'infanterie) et les attaques les
plus violentes du VIe
Corps sont enrayées.
Or,
tandis que Sarrail résiste face à l'ouest et contient a la peine les
plus formidables
assauts, il est informé que le fort de Troyon, en plein sur ses
derrières, est
bombardé par des obus de gros calibres et menacé par le Ve Corps
allemand. Les
pièces de 120, dont dispose le fort, sont écrasées par des canons à
longue
portée à qui elles ne peuvent répondre et le commandant annonce que la
résistance ne pourra probablement pas être prolongée plus de
quarante-huit
heures.
Cependant,
et malgré une dépêche du G. Q. G. l'autorisant encore à replier sa
droite pour
éviter qu'elle ne soit enfermée dans Verdun, Sarrail fait sauter
derrière lui
les ponts de
La
bataille est donc, le 8 septembre au soir, arrivée à un point mort
A
gauche, la manœuvre de Kluck a enrayé le mouvement enveloppant de
Maunoury.
Au
centre, Foch et de Langle de Cary
contiennent avec
peine les efforts des masses qui leur sont opposées.
A
droite, Sarrail, loin de pouvoir accomplir sa mission d'enveloppement,
se
maintient à grand-peine et est menacé à dos par le Ve Corps prussien
De
part et d'autre, toutes les réserves ont été engagées.
Il
reste cependant de notre côté deux éléments de victoire : l'armée
anglaise et
l'armée Franchet d'Espérey,
en ligne il est vrai, mais en pleine forme et qui n'ont pas encore donné
tout
leur effort.
Le
Haut Commandement allemand sent la partie perdue. Pour dégager la gauche
de la
1e armée, imprudemment compromise dans la poche de Meaux, il tente sur
tout le
front depuis Betz jusqu'à Verdun, un assaut désespéré.
6e armée.
A
gauche, les 7e et 61e divisions plient devant une terrible offensive du
IV
Corps qui enlève Nanteuil le Haudouin et Villers-Saint-Genest. La 8e
division
est rappelée de Meaux en toute hâte pour barrer la route de Paris. Un
moment,
la situation est si critique de ce côté que la possibilité d'une
retraite est
envisagée.
Gallieni
est là.
Il
a déjà mis à la disposition de Maunoury toutes les ressources en hommes
et en
matériel existant dans le Camp retranché de Paris.
Il
se contente de rappeler que, conformément aux instructions de Joffre, «
toute troupe qui ne pourra plus avancer devra se faire tuer sur place,
plutôt
que de reculer. »
9e armée.
Bülow
et Hausen se ruent contre Foch dans un
suprême
assaut. Les nôtres résistent magnifiquement et l'appui du 10e Corps de
l'armée Franchet d'Espérey
permet à la
51e division qui a perdu Saint-Prix, de conserver Soizy.
Mais,
au centre, l'admirable défense de la division marocaine que le général
Humbert,
l'un des plus jeunes et des plus brillants généraux de l'armée, anime de
son
ardente énergie, n'empêche pas l'ennemi d'entrer momentanément dans Mondement.
Mondement,
c'est l'un des
observatoires d'où l'on peut interdire tout le plateau de Sézanne. II
faut le
reprendre à tout prix. Pas de renforts. Foch a du retirer jusqu'au 77e
régiment
qui, seul, appuyait Humbert.
Tenace,
celui-ci attend une occasion; et l'occasion naît le soir même, grâce à
l'intervention de l'artillerie de la 42e division avec laquelle le
colonel Boichut réduit en cendres les ruines
de Mondement.
A
La principale
préoccupation de Foch, au milieu du fracas de la bataille, a été de se
constituer une réserve. Profitant d'un moment d'accalmie à sa gauche, il
a
retiré du feu la 42e division.
Cette division
est épuisée ; elle a un urgent besoin de repos ; mais elle existe et,
dans un
moment critique, devant un ennemi à bout de souffle, elle peut obtenir de grands
résultats.
Et
de fait, dans l'après-midi, un dernier effort du XIIe Corps saxon ayant
fait
plier notre 11e Corps décimé, la 42e division est déjà alertée et elle
part «
hallucinée de fatigue »
A
L'ennemi
s'arrête et se terre. Les Allemands se croyant décidément victorieux, se
disposaient à cantonner dans Fère-Champenoise. Les obus français
s'abattant au
milieu de leurs convois, ils s'empressent d'atteler de nouveau et
rebroussent
chemin en toute hâte vers le nord, tandis que notre 9e Corps progresse.
Nos 68e
et 90e régiments d'infanterie refoulent devant eux les arrières gardes de
4e armée.
A
la 4e armée, mêmes péripéties. Lutte à outrance ; assauts furieux menés
par les
bataillons serrés de Hausen et du duc de
Wurtemberg
qui, nulle part, ne peuvent triompher de l'héroïque constance de nos
soldats.
3e armée.
A
l'armée Sarrail, journée d'angoisse aussi. Mais, sur le front, les
Allemands ne
gagnent pas un pouce de terrain, et derrière les forts de Troyon et de
Génicourt, violemment bombardés, tiennent toujours.
Troyon
est en ruines; son appareil télégraphique est détruit; ses canons sont
muets.
Embusqués derrière des moellons, les hommes, qui ne dorment pas depuis
trois
jours et qui vivent de biscuits, attendent l'ennemi, la main crispée sur
la
crosse du fusil.
Un
parlementaire se présente :
«
Encore une fois, rendez-vous !... »
«
Encore une fois, non!... »
Interloqué,
l'allemand murmure :
«C'est
terrible, mais c'est très beau. »
«
Ce n'est que le devoir », répond quelqu'un.
5e armée et armée anglaise.
L'heure
de la victoire a déjà sonné pour la 5e armée et pour l'armée anglaise.
Averti
dès l'aube par ses avions que les colonnes allemandes étaient en
retraite, Franchet d'Espérey
a tout de
suite poussé ses lignes en avant.
De
Maud'huy a refoulé le IXe Corps, et, renforcé de la 38e division
d'Afrique, est
entré, le soir, dans Château Thierry d'où le IIIe Corps s'est retiré.
Quant
à notre 3e Corps, il a occupé, dès
L'armée
anglaise a progressé, elle aussi, refoulant le Corps de cavalerie de
Richthofen
qui recule.
Le
soir, elle a atteint la ligne
6e armée.
Face
à Nanteuil-le-Haudouin, barrant la route de Paris, les régiments décimés
du 4e
Corps et de la 6e division ont passé la nuit, déployés dans les sillons,
l'arme
prête, attendant l'attaque qu'ils savaient devoir se déclencher à
l'aube. Or,
cette attaque ne se produisit pas.
Au
grand étonnement des nôtres, quand le petit jour parut, les tranchées
allemandes étaient vides; l'ennemi battait en retraite.
Or,
devant le 7e Corps et devant le groupe de Lamaze,
le
IIe Corps et le IVe Corps de réserve ont décampé aussi. Déjà, notre
cavalerie
est en route et cueille des trophées. Ce jour-là, à Mont-L'Evêque,
près de Senlis, le capitaine Sonnois, du 3e
hussards,
s'emparait du drapeau du 94e régiment de landwehr.
armée anglaise.
L'armée
anglaise pousse de l'avant. Elle s'empare de 13 canons, de 7
mitrailleuses et
capture 2.000 prisonniers.
5e armée.
Franchet d'Espérey,
dont
l'admirable esprit de solidarité à
puissamment dégagé
à droite l'armée Foch et facilité, à gauche, les progrès de l'armée
anglaise,
entame la poursuite dès le matin du 10. Ses colonnes franchissent
9e armée.
Foch
s'est mis à la poursuite de l'ennemi, dès
A
Fère-Champenoise, on a capturé de nombreux officiers et soldats
allemands ivre
morts, qui n'ont pu suivre leurs unités. Le soir, on rencontrait
l'ennemi sur
la ligne Morains-Normée-Lenharrée; mais
comme
l'artillerie n'a pu suivre l'infanterie, en raison du mauvais état des
chemins,
Foch juge inutile de tenter une attaque.
Si
cette position tient encore demain matin, elle sera tournée et enlevée
sans
pertes.
4e armée
Devant
de Langle de Cary, les effets de la défaite
définitive de la droite ne se sont pas encore fait sentir. Le duc de
Wurtemberg,
bien qu'attaquant plus mollement que les jours précédents, garde
cependant avec
la plus grande énergie ses positions de la veille, et la lutte est
extrêmement
âpre de ce côté.
Le
général Legrand, qui a pris l'offensive dès
Le 17e Corps, et
la division Goullet, du Corps colonial, sont
en
échec, l'un devant Courdemange, l'autre devant Ecrienne.
Quant au 2e Corps, violemment attaqué, dans la nuit du 9 au 10, il perd
une
partie de Favresse. Il réussit cependant à contenir l'ennemi, et même à
le refouler
dans la direction de Maurupt qu'il occupe un
moment.
3e armée
Devant
Sarrail, la lutte est plus violente que jamais, car le Kronprinz sait
qu'il
joue sa couronne dans cette formidable partie, et il est décidé à la
vendre
chèrement. En même temps, tandis que Troyon et Génicourt continuent à
intimider
l'ennemi qui n'ose les attaquer, des fractions allemandes commencent à
franchir
Pour
éviter une catastrophe, Sarrail se décide enfin à replier sur Courouvre les 67e et 75e divisions de réserve.
Cette
manœuvre a été rendue possible par l'habile intervention des troupes de
Le 11 septembre, la victoire, venant de l'ouest, s'affirme
aussi à la 4e armée.
Le
21e Corps est sur la marne ; le 17e refoule les Allemands jusqu'à
maisons de
Champagne ; le 12e entre à Vitry et gagne Yéres,
tandis que le Corps colonial chasse l'ennemi de Vauclerc et d'Ecrienne, puis le rejette au delà du canal de la
marne au
Rhin.
Quand
à Sarrail, il doit encore supporter une dure journée de lutte.
A
gauche, le 15e Corps, progressant lentement, occupe Revigny
et le 5e Laimont mais le 6e Corps et le groupe des divisions de réserve
ne
peuvent que se maintenir, sous le feu violent de l'artillerie lourde.
Enfin, le 12 septembre, la bataille s'éteint à l'extrême gauche
aussi; et, sur toute l'immense ligne, la poursuite devient générale.
Le 13 septembre, Joffre annonçait la victoire au
Gouvernement, en ces termes, simples comme lui-même.
Notre victoire s'affirme de plus en plus complète. Partout,
l'ennemi est en retraite. A notre gauche, nous avons franchi l'Aisne en
aval de
Soissons, gagnant ainsi plus de cent kilomètres en six jours de lutte.
Nos
armées, au centre, sont déjà au nord de
De
fait, au point de vue tactique, cette bataille ne réalise aucun des
caractères
du coup de massue qui abat une armée. Même, si la victoire a découlé
tout
naturellement des conceptions rigoureusement logiques du Haut
Commandement
français, elle n'a pas suivi la voie que celui-ci lui avait préparée.
Un
double enveloppement des ailes était prévu aucun d'eux n'a réussi.
Nos
manœuvres enveloppantes, que la faiblesse de nos effectifs ne permettait
pas
d'étoffer suffisamment, ont été contre-attaquées et mises en grand
danger. En
revanche, les efforts de Galliéni et de
Maunoury ont
obligé l'ennemi à dégarnir son centre droit et à y laisser un large
vide.
French
et Franchet d'Espérey
ont
pénétré dans cette brèche et l'ont agrandie, prenant à revers les armées
voisines qui durent, de proche en proche, abandonner le combat.
Il
n'y a donc pas eu enveloppement ; il n'y a même pas eu rupture du front
parce
que l'ennemi n'a pas attendu cet événement ; il y a eu simple poussée de
toute
la ligne vers le nord.
Poussée,
d'ailleurs, qui coûtait cher au vaincu, plus cher que ne coûtèrent
maints coups
de filet retentissants, si l'on en croit les milliers de morts que les
Allemands ont laissés devant nos lignes, sur l'Ourcq ou dans les marais
de
Saint-Gond, et l'énorme quantité de matériel qu'ils ont abandonné sur
nos
routes.
Au
point de vue stratégique et moral, le succès était décisif. Il ne
détruisait
pas l'armée allemande, il n'abattait pas l'Allemagne, mais il fixait le
sort de
la guerre en brisant net la formidable attaque brusquée, maintenant,
l'Allemagne va devoir improviser de nouveaux moyens dans des
circonstances
difficiles.
L'ivresse
des vainqueurs de
Dès le 13
septembre, sous la pluie qui ne cesse pas, et qui, changeant les routes
en fondrières,
ralentit la marche de l'artillerie et des convois, la ligne de nos
armées s'est
déjà partout heurtée de proche en proche à une solide résistance.
La 6e
armée est engagée devant Soissons ; l'armée anglaise est arrêtée sur
l'Aisne ;
la 5e armée au nord de Reims; la 4e entre Chalons et l' Argonne ; la 3e
aux
abords nord du camp retranché de Verdun. L'ennemi s'est réapprovisionné
en
munitions et a reçu d'importants renforts.
Contre
de formidables et savantes organisations, défendues par des troupes
braves,
nombreuses et puissamment outillées, tenter une attaque de front serait
folie.
A
un front inviolable, il va falloir opposer un front inviolable et, afin
de
chasser l'ennemi, avoir recours à la manœuvre
Quelques
combats de la bataille de
L’épisode
des Taxis de la Marne
Les
combats pour la ferme de Nogeon
Les combats de Puisieux du 8 septembre
1914
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Texte
tiré de « La grande guerre vécue, racontée, illustrée par les
Combattants, en 2 tomes
Aristide Quillet, 1922 »
Michelin,
guide des champs de bataille ; Reims et le fort de
Michelin, guide des champs de bataille ;
bataille de
Michelin,
guide des champs de bataille ; bataille de
Michelin, guide des champs
de bataille ;
bataille de la Marne, L’Ourcq ,1919